L’échéance est rappelée régulièrement : le zéro émission de carbone devra être la règle à l’horizon 2050, y compris pour les bâtiments. Pour y parvenir, les instances nationales et internationales, à commencer par le GIEC, prônent la sobriété dans le secteur du BTP. Une notion qui prend différentes formes et qui, pour l’Ademe, ne sera nullement synonyme de récession économique.
Publié le 21 avril 2022 par Estelle Guiton
Mieux réfléchir aux usages pour réduire les émissions de carbone
Préserver la planète passe par une modification des habitudes. Depuis quelques années, les responsables pollueurs sont bien identifiés et le travail pour réduire les consommations déjà en cours. Le bâtiment est l’un des secteurs concernés par les mesures d’amélioration, connu pour être consommateur d’énergie. Si l’on prend pour exemple la seule année 2019, le BTP a ainsi produit 12 gigatonnes de CO2, soit 1/5e de l’ensemble des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Cette réalité n’est pourtant en rien une fatalité. En quelques années, les produits comme les méthodes constructives ont évolué avec un objectif, rendre le secteur plus vert. Pour y parvenir, le GIEC prône désormais la sobriété dans les constructions.
Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat qui regroupe près de 300 membres issus de 65 pays a rendu début avril 2022 un nouveau rapport qui confirme cette idée pour faire évoluer le climat dans le monde. Cela va bien au-delà de la seule question énergétique. Pour l’organisme, il s’agit aussi de repenser les constructions et l’habitat, tout en ayant à l’esprit la notion de bien-être.
Quand sobriété rime avec croissance
Le premier constat pointé du doigt est une augmentation ces dernières années du nombre de m² par habitant. Cette évolution ne vient pas de logements plus grands, mais d’une modification de la structure familiale. Tandis que les générations vivaient ensemble il y a encore quelques décennies, aujourd’hui les foyers se composent souvent de seulement deux voire quatre personnes avec les enfants. Or, qui dit grande maison dit aussi dépense plus conséquente avec un exemple, celui du chauffage. Pour agir, le GIEC préconise la réduction de l’étalement urbain et une meilleure gestion des habitats pour permettre aux foyers de changer facilement de logement en fonction de l’évolution de leurs besoins et de la composition du ménage.
Pour l’Ademe, cette notion de sobriété pourrait bien être la clé pour remplir les objectifs importants qui attendent la France et le monde au cours des prochaines années et ainsi limiter les effets du réchauffement climatique. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie souhaite d’ailleurs faire taire les détracteurs à cette méthode. L’organisme a étudié quatre scénarios pour en juger l’impact sur l’économie. Pour chacun, le résultat demeure une croissance de l’économie, loin des thèses de récession souvent avancées. La raison en est simple : ce choix poussera systématiquement l’emploi d’énergies renouvelables produites localement quand les énergies fossiles sont souvent importées. De quoi agrémenter l’économie circulaire et plus largement créer de nouvelles filières.
L’Ademe rappelle d’ailleurs que les objectifs sont toujours atteignables. Prochaine étape, 2025, avec le début de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.